Plongée dans l’univers du service industriel : moteurs, enjeux et mutations #

Décryptage du périmètre : ce qui caractérise la prestation industrielle #

Les services industriels se distinguent par la fourniture de prestations immatérielles, techniques ou intellectuelles, qui ne se limitent jamais à la simple livraison d’un produit manufacturé. Ils incarnent la capacité des entreprises à accompagner sur la durée leurs clients, partenaires ou donneurs d’ordres dans des missions à haute valeur ajoutée.

On retrouve dans ce champ une pluralité de domaines d’intervention, illustrés par des cas concrets et actuels :

• Maintenance industrielle : En 2023, le groupe Airbus Helicopters a signé un contrat de maintenance prédictive couvrant sa flotte mondiale, misant sur la data et l’analyse en temps réel pour garantir la disponibilité opérationnelle des hélicoptères.
• Recherche & Développement : Le laboratoire Sanofi Pasteur a consacré plus de 1,3 milliard d’euros à la R&D industrielle en France, mobilisant des équipes pluridisciplinaires et des services scientifiques externalisés.
• Ingénierie et études techniques : Vinci Energies pilote la conception et l’étude de réseaux électriques intelligents pour des métropoles européennes, en s’appuyant sur des bureaux d’ingénierie intégrés et partenaires externes.
• Services informatiques : En 2024, Schneider Electric a implémenté une solution d’hypervision industrielle pour l’automatisation de ses usines, en lien avec des spécialistes SaaS et cloud computing.
• Logistique industrielle : CMA CGM gère la logistique portuaire de terminaux automatisés, intégrant la robotisation et des solutions de traçabilité temps réel.

Le dénominateur commun de ces prestations : elles mobilisent expertise, technologie et conseil, sans transfert de propriété d’un bien matériel. Cette logique de service, inscrite au cœur de l’industrie, répond aussi bien à des impératifs d’agilité, qu’aux exigences de personnalisation et d’optimisation opérationnelle.

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L’évolution des frontières : convergence entre production et services #

Depuis plusieurs années, la distinction traditionnelle entre industrie manufacturière et secteur tertiaire s’estompe. La servitisation industrielle, expression-clé de cette mutation, désigne l’intégration de solutions de services à forte valeur ajoutée au sein de l’offre industrielle.

C’est ainsi que le modèle économique évolue du « produit vendu » vers « l’usage garanti » ou « la performance assurée sur la durée ».

Cette dynamique est incarnée par des initiatives concrètes :

• Rolls-Royce, dans l’aéronautique, ne commercialise plus uniquement des moteurs mais vend des « heures de vol garanties » (Power by the Hour) grâce à un bouquet de services incluant la télémesure, l’entretien et la gestion à distance.
• Siemens a lancé en 2024 un centre digital qui associe fourniture de machines-outils et monitoring intelligent, permettant aux usines clientes d’optimiser automatiquement leurs plans de production.
• Michelin exploite le service « Effitires », proposant des contrats de gestion globale et prédictive de parcs pneumatiques auprès de grands transporteurs européens.

Cette hybridation des modèles : elle conforte la place singulière de l’industrie comme acteur global, capable de concevoir, fournir et maintenir des solutions « prêtes à l’emploi », totalement orientées client. La frontière entre production et services devient mouvante, ouvrant la voie à des business models innovants, centrés sur la valeur d’usage et la fidélisation sur le long terme.

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Rôle stratégique des fonctions support dans l’organisation industrielle #

Les fonctions support occupent désormais une place structurante au sein du tissu industriel. Loin d’être cantonnées à des tâches périphériques, ces activités internes – parfois externalisées – conditionnent la performance, l’agilité et la pérennité des entreprises.

Plusieurs métiers-clés assurent cette continuité de service :

• Administration et gestion financière : Safran a centralisé en 2023 ses activités de back-office en un shared service center, optimisant ainsi la gestion des flux financiers et des ressources humaines.
• Fonction commerciale : Alstom s’appuie sur des ingénieurs d’affaires pour piloter ses contrats de service et de maintenance ferroviaire sur les cinq continents.
• Contrôle qualité : Dassault Systèmes déploie des équipes dédiées au contrôle continu des process et à l’audit des sous-traitants, assurant la conformité aux référentiels internationaux.
• Installation et maintenance : En 2024, ENGIE Solutions supervise à distance la maintenance de plus de 150 sites industriels, grâce à une équipe de techniciens pilotée via une plateforme SaaS.
• Logistique interne : Renault Trucks a externalisé une partie de sa logistique à Geodis, rationalisant la gestion des flux et l’approvisionnement des chaînes d’assemblage.

La montée de l’externalisation : Les entreprises font le choix croissant de confier ces services à des prestataires spécialisés, optimisant leur flexibilité opérationnelle et recentrant leurs ressources sur le cœur de métier. Cette évolution favorise la spécialisation des acteurs, tout en accélérant la mise en œuvre de solutions technologiques et organisationnelles inédites.

Le service industriel comme vecteur d’innovation et de transformation digitale #

L’essor des technologies numériques bouleverse la nature même des services industriels. L’automatisation, la collecte massive de données et l’intelligence artificielle sont aujourd’hui au cœur de la création de valeur et du pilotage avancé des services B2B.

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Les chantiers d’innovation se multiplient, soutenus par l’adoption de solutions logicielles évoluées :

• Automatisation industrielle : Bosch Rexroth a déployé en 2024 un système d’AGV connectés (véhicules autonomes intelligents) pour automatiser la logistique des composants dans ses usines allemandes.
• Maintenance prédictive : TotalEnergies exploite l’IA pour anticiper les défaillances sur ses pipelines, ce qui a permis de réduire de 14 % les arrêts non planifiés en 2023.
• Solutions ERP : Le groupe Michelin utilise SAP S/4HANA pour piloter en temps réel l’ensemble de ses services logistiques, de la commande à la livraison, sur ses sites internationaux.
• Gestion documentaire digitalisée : Le site de production de Sanofi à Vitry-sur-Seine a digitalisé la gestion de ses dossiers de lot, permettant l’automatisation de la vérification qualité et réduisant de 20 % les délais de mise sur le marché.

La digitalisation agit comme un moteur de compétitivité : elle permet une adaptation rapide aux sollicitations des clients, une personnalisation accrue des offres et une gestion optimisée des risques industriels. À notre sens, investir dans l’automatisation et l’analytique devient une condition sine qua non pour rester en tête sur les marchés mondiaux.

Défis contemporains et perspectives du secteur des services liés à l’industrie #

Les services industriels se trouvent aujourd’hui à la croisée de nombreux défis structurels. Les attentes des clients s’intensifient, les exigences de personnalisation progressent, et la pression réglementaire liée à la transition écologique s’accroît. Les acteurs du secteur se doivent d’anticiper ces mutations pour pérenniser leur activité.

Le panorama des enjeux et mutations les plus marquants inclut :

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• Attractivité des talents : L’industrie peine à recruter des profils experts, notamment dans l’IA industrielle, la cybersécurité et les data sciences. En 2024, le Syntec Numérique a signalé près de 8 500 postes ouverts non pourvus dans les services d’ingénierie.
• Sous-traitance et partenariat : Le recours à des prestataires s’amplifie. La filière automobile européenne a ainsi confié une part croissante de son ingénierie de simulation à des équipes localisées en Europe centrale, renforçant la flexibilité mais posant de nouveaux enjeux de gestion des connaissances.
• Personnalisation des services : Dassault Aviation développe des solutions de rétrofit et de configuration personnalisée pour ses clients aéronautiques premium, gage de fidélisation et de montée en gamme.
• Transition écologique : En 2023, Veolia a lancé un programme de services pour la décarbonation des usines, déployant des audits énergétiques avancés et des offres de récupération de chaleur fatale.
• Evolution des modes de consommation : L’émergence du modèle « as a service » s’installe dans l’industrie, favorisant l’économie circulaire et la réduction des investissements initiaux pour les clients.

L’architecture future des chaînes de valeur industrielles sera résolument tertiarisée : la structuration en écosystèmes de services, l’adaptabilité et la capacité à co-créer avec les clients constitueront les axes majeurs de différenciation. Nous pensons que seuls les groupes capables de combiner expertise technique, culture du service et agilité numérique tireront réellement leur épingle du jeu.